Login

Conseil agriculture Nouveau bras de fer européen sur la réforme des produits "méditerranéens"

BRUXELLES, 20 avril 2004 - Les ministres de l'Agriculture de l'UE vont tenter d'arracher mercredi un accord sur une réforme des productions de tabac, de coton et d'huile d'olive, dans un nouveau bras de fer entre la Commission européenne et les pays "méditerranéens", France, Italie, Espagne en tête.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Comme pour la réforme de la politique agricole commune (PAC) adoptée l'an passé, la controverse porte sur le "découplage" des aides voulu par le commissaire Franz Fischler, partisan de réduire au maximum la part de subventions accordées aux exploitants en fonction des quantités cultivées.

La France, l'Espagne, l'Italie, la Grèce et le Portugal dénoncent les conséquences sociales de ce projet, soutenu en revanche par l'Allemagne, les Pays-Bas, la Suède, le Danemark et le Royaume Uni.

Les deux camps disposent d'une minorité de blocage. La présidence irlandaise de l'UE et les autres Etats membres sont en position d'arbitres.

La réunion doit débuter en fin de matinée à Luxembourg par des pourparlers bilatéraux avant un tour de table collectif dans l'après-midi. L'ampleur des clivages laisse craindre une nuit blanche de discussions. Un accord est espéré d'ici jeudi midi.

La négociation sur le tabac s'annonce la plus ardue. L'Unitab, qui regroupe les planteurs européens, craint de voir la réforme sur la table éradiquer une culture qui concerne 110.000 exploitations, 400.000 travailleurs saisonniers et 30.000 salariés dans la transformation.\n Les partisans du plan Fischler mettent en avant la santé publique. Ses adversaires jugent l'argument fallacieux.

"L'Europe importe déjà 80% de son tabac de l'étranger et des pays tiers. Si demain elle importe 100%, cela ne changera rien par rapport à l'amélioration de la lutte anti-tabac par ailleurs nécessaire", résume le ministre français de l'Agriculture Hervé Gaymard.

La production européenne de tabac s'élève à 348.000 tonnes par an. Elle est assurée à 75% par l'Italie et la Grèce, mais la culture de "l'herbe à Nicot" est aussi significative dans le sud-ouest de la France, en Andalousie et Extrémadure, les deux plus pauvres régions d'Espagne, et au Portugal.

Le commissaire Fischler veut abolir en 2005 tout lien aides-production pour les 3,5 premières tonnes par exploitation. Entre 3,5 et 10 tonnes, il prône un découplage à 75%. Au-dessus de 10 tonnes, le pourcentage grimperait de 16% l'an prochain à 33% en 2006 et 45% en 2007.

A cette date, le faible solde de subventions encore liées aux quantités cultivées se fondrait, au titre du développement rural, dans une enveloppe financière destinée à la restructuration des zones de production.

A l'opposé, le "club des Cinq" réclame que 70% des aides restent adossées au niveau de production, conformément à l'avis du Parlement européen. "La Commission va devoir bouger, probablement sur le niveau de découplage, si M. Fischler veut un accord", estime un responsable européen.

L'urgence pourrait s'avérer un élément clé. En cas d'échec à aboutir avant l'élargissement de l'UE le 1er mai, le commissaire verrait sa tâche compliquée car la Pologne, la Hongrie et la Slovénie viendraient renforcer le "clan" méditerranéen.

Dans le contexte de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), la négociation de Luxembourg s'annonce aussi sensible sur le coton.

Les producteurs africains, appuyés par les pays en développement du G-20, dénoncent les subventions européennes au secteur. Franz Fischler entend les découpler à 60%. La Grèce et l'Espagne, principales concernées, jugent ce niveau excessif.

La réforme s'annonce plus sereine pour l'huile d'olive, où le découplage proposé, là aussi de 60%, est en revanche plutôt bien accueilli. En marge des productions "méditerranéennes", les ministres négocieront aussi mercredi l'abolition du lien aides-production pour le houblon.


A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement